[AUDIO_VIDE] Bonjour! Bienvenue au MOOC Restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Notre vidéo d'aujourd'hui est le prolongement de la dernière leçon. Elle constitue la seconde partie : la typologie des quartiers précaires. Nous avons vu dans la vidéo précédente les deux premiers types de quartiers précaires : les bidonvilles stricto sensu, les quartiers précaires consolidés ou en voie de l'être du fait de son ancienneté et de la mixité sociale qui s'y est créée. Nous allons voir aujourd'hui un troisième type, celui des quartiers centraux laissés à l'abandon et qui se taudifient au point de revêtir des caractères qui s'apparentent à ceux dont on vient de parler. Ce type de quartier existe partout en Afrique. Ce sont des quartiers formels qui subissent un processus avancé de dégradation au point de constituer des ghettos qui cumulent plusieurs handicaps et ne retiennent que des populations captives, celles qui n'ont pas une grande liberté en matière de choix de leur lieu de résidence. Je vous propose ce plan en trois points : nous examinerons d'abord le processus de dégradation continue de ces quartiers, mais également l'influence du processus de gentrification que connaissent la plupart des grandes villes d'Afrique, et ensuite nous examinerons quelques exemples à travers notamment les Médinas du Maghreb. Comme je le disais tout à l'heure, les quartiers regroupés dans cette catégorie subissent un processus avancé de dégradation au point de constituer des ghettos urbains. Ces dégradations reposent d'abord sur de fortes densités. Cela signifie de la promiscuité et de l'encombrement dans les habitations, mais également de l'insalubrité due au manque d'entretien ou à une défaillance des services, par exemple celui du ramassage des ordures. Il arrive également que le défaut d'entretien soit volontaire, soit pour les besoins de spéculation par les propriétaires, soit pour les besoins de rénovations envisagées par des promoteurs. De façon générale, il s'agit de quartiers qui ont mal vieillis au point d'accuser également un retard important dans l'adaptation des équipements et infrastructures tels que la voirie, les approvisionnements en eau potable et en électricité, mais aussi des services comme, par exemple un accès confortable à internet. La dégradation de ces quartiers peut aussi être une conséquence d'un processus de gentrification en cours qui affecte des portions entières des villes et souvent des centres-villes. Ce processus aboutit le plus souvent à la requalification des quartiers anciens et constitue du point de vue de certains géographes le point de maturité ultime d'une ville. Ce processus de gentrification revêt souvent des dimensions sociales, commerciales voire culturelles, conséquences d'une transformation des espaces elle-même résultat d'une intensification des investissements ; de l'accroissement de la valeur immobilière des constructions ; et de l'attrait d'activités à forte valeur ajoutée. Les images qui suivent sont une illustration du processus de gentrification actuellement en cours dans le centre-ville de Nouakchott. La progression des nouvelles constructions en hauteur et des immeubles modernes affecte toute l'occupation du centre-ville et la revalorisation des terrains dans les quartiers alentours. Le centre-ville est à l'heure actuelle l'objet d'une profonde transformation qui voit la disparition des anciens immeubles et l'apparition de nouveaux immeubles au centre-ville à la place des anciens quartiers taudifiés. Le processus de gentrification permet aussi une lecture de l'évolution des Médinas du Maghreb, ce sont les vieux quartiers des villes du Maghreb souvent issus des premiers noyaux de développement urbain. Ces quartiers ont d'abord accueilli des populations bourgeoises dans de grandes maisons à cour souvent sur plusieurs niveaux et dont le charme et le standing reflètent le niveau social des occupants. Dès le début des années 1930, on assiste à un mouvement de départ vers les nouveaux quartiers plus modernes et dont les maisons offraient plus de confort et de tranquilité. Il s'agissait également d'une aspiration nouvelle à la maison individuelle isolée, qui traduit quelque part un nouveau mode d'habiter et de cohabiter. Ce mouvement de départ a été suivi par l'arrivée de nouvelles populations issues du milieu rural. On a alors assisté à un abandon progressif de la Médina par les populations bourgeoises. Elles sont alors entrées en crise suite à une densification exagérée et à une paupérisation qui ont conduits à leur taudification et à leur abandon. Ce n'est qu'au début des années 2000 qu'on assiste à une reconquête de ces quartiers soit par le biais d'importantes opérations de rénovation comme à Alger, soit grâce à des investisseurs étrangers, essentiellement des européens qui rachètent les vieilles demeures et les réhabilitent comme c'est le cas dans les Médinas de Marrakech et de Fès au Maroc. Les images qui suivent sont celles de la reconquête de la Médina de Rabat. L'arrivée du tramway a constitué une occasion de soigner les liens de ce quartier avec ses alentours par le biais notamment d'aménagements d'espaces verts ; de parcours piétonniers ou encore d'espaces de repos pour les habitants du quartier. Comme nous venons de le voir, les quartiers centraux donc idéalement situés peuvent revêtir les caractères d'un quartier précaire lorsqu'ils sont laissés à l'abandon. Cela peut résulter de plusieurs phénomènes tels que la gentrification, ou encore le besoin de requalification d'espaces convoités. Les conséquences de telles évolutions se mesurent toujours en terme d'impact social et économique puisque les opérations de rénovation ou de réhabilitation ne laissent jamais intactes les structures initiales de ces quartiers. [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE]