[MUSIQUE] [MUSIQUE] Le climat est déjà en train d'évoluer. Certains travaux scientifiques récents suggèrent que le réchauffement pourrait être de 6 à 7 degrés en 2100 et que les 2 degrés pourraient être atteints en 2050. Si on revient 20 000 ans en arrière, la température moyenne de la planète avait 5 degrés d'écart par rapport à aujourd'hui. Il y a eu un réchauffement climatique entre cette période et aujourd'hui mais naturel, sans action humaine. Ce réchauffement a modifié les climats et les écosystèmes. Certaines espèces ont survécu et d'autres non, et l'humanité a pu se développer grâce à ce climat plus doux. Lorsqu'on parle d'un réchauffement de plus 7 degrés, il faut donc garder en tête que la Terre va perdurer, mais sous d'autres formes. Le vivant a eu 20 000 ans pour s'adapter au précédent réchauffement. Celui que nous allons connaître va se dérouler sur une période de 100 ans. C'est un changement énorme et très brutal, que la Terre mais surtout l'humanité n'a jamais connu. Cela entraînera un appauvrissement de la biosphère, des impacts conséquents sur notre environnement, nos sociétés et donc l'activité des entreprises. Les infrastructures qui nous entourent ne sont pas adaptées à ces transformations rapides. Nous avons construit des villes, des routes, des commerces, des activités qui fonctionnent sous un certain climat. Même avec un réchauffement climatique qui se limite à plus 2 degrés, les impacts liés au climat seront plus importants et plus récurrents sur notre société qu'aujourd'hui. Ils seront aussi très différents d'une région à l'autre. Pour une entreprise, il n'est pas toujours naturel de se projeter à plus de trois ans, mais c'est l'anticipation qui fait la pérennité d'une activité. Les coûts associés aux conséquences des aléas climatiques sont déjà conséquents, et le prix de l'inaction sera bien supérieur à celui de l'anticipation. Les questions à se poser sont : Comment une entreprise aujourd'hui peut anticiper ces risques et réduire les coûts associés? Comment peut-elle développer son activité en tenant compte de ces évolutions? La mesure des risques liés au changement climatique repose sur deux composantes : l'évolution des aléas climatiques, et la vulnérabilité de l'entreprise par rapport à ces aléas. Parmi ces aléas, on peut citer : la hausse des températures moyennes, les vagues de chaleur, la sécheresse, les inondations ou encore la hausse du niveau marin. Les aléas à étudier sont ceux qui ont un impact sur l'activité de l'entreprise. Par exemple, pour les activités agricoles, l'aléa sécheresse sera crucial. Pour analyser l'évolution de ces aléas, on s'appuie sur des modèles climatiques qui simulent les conséquences de différents scénarios d'émissions mondiales de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Les scénarios les plus pessimistes correspondent à la tendance actuelle où on ne fait pas grand-chose à l'échelle de l'humanité. Mais même en considérant un scénario plus optimiste, par exemple plus 2 degrés, on observe déjà une augmentation de la fréquence ou de l'intensité des aléas climatiques dans la plupart des zones géographiques. C'est cela qui doit préoccuper une entreprise : même avec un climat raisonnablement déstabilisé, il va y avoir des perturbations. On a parlé des aléas, parlons maintenant de la deuxième composante du risque climat : la vulnérabilité de l'activité. Il est important de se poser la question des conséquences que chaque aléa peut avoir sur son activité, et cela sur toute sa chaîne de valeur comme pour le bilan carbone. Prenons deux exemples. Pour un gestionnaire immobilier, il doit comprendre comment les aléas vont impacter ses immeubles, s'il y aura des coûts de maintenance supplémentaires et comment sa rentabilité va évoluer. Mais il doit aussi intégrer les usagers, s'ils vont pouvoir venir, s'ils vont vouloir louer ses locaux. Autre exemple, pour une entreprise pharmaceutique, comment la répartition d'une maladie comme la dingue, dont le vecteur de transmission est sensible à la température et à l'humidité, va-t-elle évoluer avec le climat? Est-ce que ces maladies transmissibles pourraient demander une modification des structures de remboursement et donc de l'activité du groupe? Est-ce que si l'entreprise n'a pas de plan de continuité d'activité pour des sécheresses, des associations de malades pourraient porter plainte contre elle? Il y a des impacts directs qui sont sur les actifs et les activités de l'entreprise. Ces impacts sont plus faciles à appréhender car ils concernent un périmètre maîtrisé par l'entreprise. Mais il y a également des impacts indirects en amont et en aval de la chaîne de valeur comme dans les exemples cités. Pour catégoriser les différents impacts, on peut distinguer les risques en fonction de leurs impacts financiers : CAPEX, OPEX et revenus. Cela va permettre ainsi de modéliser les conséquences financières pour l'entreprise. Si on prend l'exemple d'une sécheresse mondiale associée à des pics de chaleur importants pour un acteur de l'agroalimentaire, l'impact aura lieu sur l'amont de sa chaîne de valeur, sur son approvisionnement de matières premières. On a une augmentation des OPEX sur le coût de la matière première, mais également sur ses sites qui vont transformer les produits avec des équipements qui ne supporteront pas les pics de chaleur. Comment les climatiseurs vont pouvoir réagir s'ils sont mal dimensionnés? On peut avoir alors une augmentation des CAPEX pour remplacer ces équipements. La conséquence c'est une baisse de la productivité pour les collaborateurs dans les locaux, et là, on a une augmentation des OPEX et une baisse de revenus. Enfin, les consommateurs réduisent leurs achats sur ce produit qui ne répond pas aux besoins alimentaires induits par le pic de chaleur : une baisse de revenus. Grâce aux aléas déjà survenus, on a un retour d'expérience sur lequel on peut s'appuyer. C'est notamment le cas dans le secteur de l'immobilier où plusieurs travaux ont permis de construire des matrices de vulnérabilité sur tous les lots qui composent un bâtiment. En fonction du type de bâtiment et par rapport aux différents aléas, la réponse à apporter pour réduire le risque est différente. À partir de ce travail, on peut réfléchir aux différentes solutions qui pourraient être intégrées afin de réduire l'impact de ces aléas pour maintenir les activités. C'est ce qu'on appelle la résilience aux changements climatiques. [MUSIQUE]