[MUSIQUE] [MUSIQUE] Alors, voyons maintenant ce que sont les spécificités de ces fonds d'impact investing. On voit bien que les deux moteurs d'un investissement que sont le risque d'une part et la performance en termes de revenus et ou de préservation du capital initial, d'autre part, se posent, mais vont fonctionner de façon spécifique si la cible investie est une entreprise sociale. Ainsi, la notion de performance sociale ou extra-financière entre nécessairement en ligne de compte pour un fonds d'impact investing. Trois questions affectent alors prioritairement les perspectives de développement de l'impact investing, pour des investisseurs traditionnels. Un, y a-t-il un arbitrage entre impact et rentabilité? Deux, si oui, quelles modalités et sur quelle base cet arbitrage est-il réalisé? Et enfin trois, les financements à impact sont-ils plus risqués? Il n'y a évidemment pas de réponse univoque à ces questions qui doivent s'apprécier au cas par cas. Au regard de la structuration très récente du secteur, on manque en outre de données pour répondre globalement à ces interrogations. D'après les données collectées par les services économiques des ambassades françaises à l'étranger, les taux de rentabilité attendus et affichés se situent dans une fourchette allant de zéro à 10 %, 15 %, à l'exception notable des États-Unis où certains fonds d'investissement attendent des rentabilités allant jusqu'à 25 %. De manière classique, les investisseurs demandent une rentabilité d'autant plus élevée qu'ils perçoivent un risque élevé. Les domaines d'intervention sont très variés et couvrent à peu près tous les secteurs de l'économie. Pour synthétiser, on peut dire que trois grandes types de secteurs bénéficient des financements liés à l'impact investing. Il ne s'agit pas de délimiter des secteurs économiques cohérents mais plutôt des ensembles fonctionnant selon une logique identique. Le premier ensemble répond à l'objectif classique d'inclusion sociale avec des financements d'associations et d'entreprises travaillant sur l'accès au logement, l'intégration sur le marché du travail, les services éducatifs et de santé, les services à la personne. Le deuxième ensemble concerne l'environnement, l'énergie et ce que l'on appelle les technologies propres. Enfin, le troisième secteur touche au développement territorial, l'agriculture durable et le développement rural. Pour avoir une idée plus précise de l'évolution et de l'étendue des secteurs, vous pourrez vous reporter utilement au site dont l'adresse s'affiche à l'écran. L'ImpactAssets 50 est une liste publiée annuellement par la société de services financiers américaine ImpactAssets, qui recense et rend publics les principaux fonds ayant une activité d'impact investing dans le monde. La terminologie et les ressources citées, très anglo-saxonnes, témoignent de l'avance des Anglais et des Américains dans ce domaine, même si en France, l'IDES et France Active, créés au début des années 80 ou bien encore les fonds 90/10 pour l'épargne salariale créés par les lois de 2001 sur l'épargne salariale et surtout la loi de modernisation économique de 2008, ces fonds répondent clairement aux critères de définition posés par le Comité français de l'impact investing en 2014 et sont bel et bien des pionniers de l'impact investing. Les investisseurs français opèrent donc via trois canaux principaux qui ont été recensés par le rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective, publié en juin 2013. C'est un document que vous trouverez en ressources complémentaires de ce module. Ce rapport synthétise les résultats d'une enquête auprès de 13 pays et les conclusions de séminaires de travail et interviews d'experts français, dont votre serviteur. Ces trois canaux sont donc un, l'épargne salariale solidaire, via des fonds communs de placement d'entreprises solidaires. Deux, les banques via des produits de partage ou des épargnes d'investissements solidaires. Et puis trois, un canal direct, en souscrivant directement au capital d'entreprises solidaires, sachant que 60 % de ces investisseurs sont des personnes morales et 40 % sont des personnes physiques. Ce dernier canal est le moins répandu des trois. Il existe par ailleurs une multitude de produits financiers dont certains seulement sont spécialisés sur l'économie sociale et solidaire.